La mort est un événement qui hante la conscience de l’homme depuis la nuit des temps. La peur de disparaître et de ne pas savoir ce qui se passe de l’autre côté, ou même l’incertitude sur le fait que cet autre côté existe ont fait naître chez lui des conceptions qui l’ont conduit à adopter différentes pratiques. Ces dernières lui semblent justes pour faire face à cette dure réalité. C’est ainsi que sont nés les rites funéraires. Ces rituels ont pour principal but d’honorer les morts, à défaut de pouvoir les ramener à la vie et d’atténuer la tristesse des vivants.
Les rites funéraires
La perte d’un proche est toujours une épreuve douloureuse. Le deuil est censé être une période durant laquelle les proches et la famille du défunt prennent conscience de sa disparition et se résolvent au fait qu’il ne fera plus partie de leur vie. Les rites funéraires tels que les obsèques constituent pour les proches une dernière occasion de témoigner de leur affection et leur considération au défunt. Cependant, il existe dans le monde, des communautés où la mort est appréhendée d’une manière différente. Dans cet article, on va énumérer quelques rites funéraires qui se démarquent aussi bien par leur originalité que par leur excentricité.
Le Famadihana : Madagascar
À part la beauté de ses paysages et de sa richesse naturelle, Madagascar se démarque aussi des autres pays par sa culture. À Madagascar, en quittant le monde des vivants, le défunt accède à une nouvelle dimension, celle des ancêtres. Il aura ainsi le rôle de protéger ses proches. Et en contrepartie, les vivants doivent lui faire honneur. Ainsi, quelques années après son décès, la famille du défunt exhume le corps et enveloppe les restes dans un linge blanc. Ce rituel est nommé « Famadihana », qui se traduit littéralement par « retournement des morts ». Et bien qu’il s’agisse d’un rite funéraire, tout se déroule dans une ambiance festive où chaque membre de la famille se relaie pour porter les restes enveloppés de leur proche sur la tête et danser au rythme de la musique. Selon eux, la raison de cette pratique est purement spirituelle puisque selon les croyances, le défunt serait apparu en rêve pour se plaindre du froid et réclamer de nouveaux habits. Un astrologue est alors contacté pour fixer la date à laquelle l’événement devra se faire.
Le rituel des Torajas en Indonésie
Tous les ans, à l’occasion de la fête des morts qui se déroule au mois d’août, l’île de Sulawesi, en Indonésie est le théâtre d’un spectacle unique en son genre. En effet, la communauté des Torajas déterre leurs morts et prend part à une célébration afin de leur rendre hommage. Une fois déterrés, les corps sont habillés, parfumés et chouchoutés comme s’ils étaient des personnes vivantes. Les corps sont exhibés à la vue de tout le monde. Le but de cette pratique est de témoigner de leur affection envers leurs ancêtres. Comme la plupart des membres de la communauté sont des agriculteurs, ils estiment que la réalisation de cette pratique a un impact sur leurs prochaines récoltes.
Les cercueils suspendus aux Philippines
L’île de Luzon, qui fait partie des petites îles qui constituent l’archipel des Philippines, abrite un village au nom de Sagada. Dans ce village, il est courant d’apercevoir des cercueils suspendus sur le flanc des falaises. Les cercueils sont pour la plupart décorés avec des motifs colorés ou des figurines à l’effigie du défunt. Si l’origine de la pratique reste inconnue, différentes théories ont été avancées. Certains estiment que les cercueils sont placés en hauteur pour permettre à l’âme du défunt de rejoindre rapidement les cieux. Pour d’autres, c’est pour permettre au défunt de reposer en paix dans un endroit paisible tout en profitant du vent et du soleil. D’autres hypothèses avancent que c’est pour protéger la sépulture du pillage et éviter au corps de se faire dévorer par les animaux sauvages.
Vârânasî : funérailles et crémation au bord du Gange
Le Gange est considéré en Inde comme l’un des lieux les plus sacrés. Plusieurs milliers de pèlerins se rendent chaque jour sur ses rives pour se purifier par l’intermédiaire de la ville de Haridwar. Cependant à Vârânasî, qui est aussi un haut lieu de pèlerinage, une bonne poignée de croyants en fin de vie viennent chaque jour pour mourir sur les bords du fleuve sacré. Le corps du défunt est alors enveloppé dans un linge et plongé dans le fleuve. Et pendant que le corps sèche, un autel fait en bûches est préparé. Une fois le corps placé sur l’autel, un proche du défunt fait le tour de l’autel en récitant des mantras, avant de fracasser le crâne du défunt avec une hache. Selon la croyance, cela faciliterait l’accession de l’âme à une dimension supérieure. L’autel est ensuite brûlé et le corps avec. Selon la croyance hindoue, ce rite a pour but d’interrompre le cycle de la réincarnation et permettra à l’âme du défunt de rejoindre définitivement le nirvana.